
Il existe deux façons de choisir une femme : le choix personnel ou celui des parents.
Dans le cas où le jeune homme a fait lui-même le choix, il peut se rendre auprès de la famille de la fille pour se faire connaitre, à Iere gmû (« montrer le corps »). C’est en cela que consiste la présentation, é kLu dzdng (du verbe à kulu, qui signifie sortir ; et dzâng, terme qui, comme dzâ, signifie village). On peut donc dire de manière littérale que é kzh dzûng signifie ‘sortir du village ».
En effet, après cette présentation, le jeune homme peut quelques fois venir chercher la fille pour des sorties. À son arrivée, il est reçu par son futur beau-père au corps-de-garde ou dans la pièce principale de la maison de celui-ci (abâ nda ou salon) et lui annonce son intention. Mais auparavant, la courtoisie et le respect de la coutume lui imposent de se présenter en donnant son nom, sa parenté, son clan et sa Lignée. Cette opération consiste à vérifier si le mariage est possible ou non entre le jeune et la jeune fille.
En arrivant, le jeune apporte, en fonction de ses moyens, des produits alimentaires (poisson salé, viande de boucherie, du sel, de l’huile de table, etc.), une pièce de tissu pour la belle-mère et une bouteille de whisky ou plus pour le beau-père. L’annonce de l’intention de fréquenter la fille est faite le soir de son arrivée, et celle-ci est faite directement au futur beau-père par le jeune homme, tandis que la fille se charge d’en informer la mère. Si l’accueil est bon, les beaux-parents égorgent une poule pour le repas du jeune homme. La prétendante est alors chargée de faire une chambre pour le prétendant. Dans la majorité des cas, les deux dormiront ensemble.
Le garçon est alors reconnu comme « sortant »avec la fille.

Cette visite dure généralement deux jours, au maximum trois. Durant ce bref séjour, le jeune homme est présenté aux différents membres de la future belle-famille, et il commence à tisser des liens d’amitié avec ses futurs beaux-frères et belles-sœurs. Il doit surtout se montrer révérencieux envers tous pour mettre toutes les chances de son côté. Ce premier contact fera en sorte que certains beaux-parents soient déjà favorables à l’union pressentie.
Après ces courtoisies protocolaires, le jeune homme annonce son départ imminent et propose la date d’arrivée de la délégation qui viendra demander la main de la fille. Cette délégation est souvent composée des parents directs et proches du prétendant et de lui-même. Le beau-père accepte et donne son consentement sur la date. Il lui revient alors d’informer à son groupe familial l’arrivée future de la délégation pour la demande en mariage de la fille.
Que le choix du conjoint ou de la conjointe ait été fait par les parents de l’un ou de l’autre, ce sont toujours ceux du jeune homme qui se rendent auprès de ceux de la fille pour informer leur intention (é kuhc dzâng ). Ils apportent alors quelques présents, et se montrent courtois. L’obligation de courtoisie qui incombe à la famille du jeune homme est due au fait que c’est le groupe de l’alliance qui, théoriquement, courtise l’autre même s’il est bien des cas où l’alliance est sollicitée par la famille de la fille. Et, même dans de telles situations, la famille de l’homme doit se montrer courtoise et désireuse de conclure l’alliance en ménageant la belle-famille. En effet, ce sont les parents de la femme qui se montrent le plus souvent capricieux et hésitants pour rendre la procédure de mariage un peu difficile pour l’homme.
Les parents du jeune homme annoncent alors leur future visite de demande en mariage. Dans ce cas, comme lorsque le jeune homme vient se montrer seul, les parents de la fille donnent toujours une image positive s’ils consentent à ce que les pourparlers aient lieu. De ce fait, il faut bien nourrir le prétendant ou ses parents, car tout manquement à ce devoir laisse présager que la future épouse n’est peut-être pas en mesure de nourrir un mari et sa famille.
Il est à souligner cependant que la cérémonie de présentation ne signifie pas que la fille est déjà consignée pour le jeune homme.

En effet, les présents donnés à la belle-famille ne constituant pas une avance de dot, la fille peut toujours être courtisée librement par d’autres prétendants. Comme on le constate, la cérémonie de présentation ouvre les voies à une alliance future et probable, mais n’engage pas l’une des parties dans un contrat matrimonial. Seul le processus d’établissement d’un tel contrat est en cours, il reste à être concrétisé. C’est ce à quoi aboutit la demande en mariage.
Source :
- www.collectionscanada.gc.ca
