La dot de la nuit

Chez les peuples du Haut Ogooué (Téké, Obamba, Houmbou, etc.), bien avant la cérémonie de la remise de dot, il y a la cérémonie de la dot de la « nuit ».

Comme son nom l’indique, cela consiste à organiser la veille de la grande célébration de la dot une cérémonie en toute intimité et souvent secrète entre quelques membres représentant les deux familles. Pourquoi la nuit ?

La cérémonie se passe la nuit pour permettre aux parents de la jeune fille d’échanger avec l’homme et sa famille en toute intimité. De plus, la tradition estime qu’il y a une relation forte entre la mère et ses enfants. De ce fait, la famille de l’homme vient négocier la rupture du cordon avec la mère génitrice et, comme dans toutes les cérémonies de remise de dot, l’homme remet aussi une somme d’argent à ses futurs beaux parents. C’est une manière d’honorer les parents de sa future femme qui sont très souvent lésés lors du partage de la dot finale.

Comment se passe la dot de la nuit ?

La famille de l’homme (composée de huit membres) se rend au domicile de la future mariée la nuit. Chacune des deux familles doit être composée de huit membres car, on considère que chacun de nous porte en lui huit clans.

Au cours de cette cérémonie l’objet utilisé est une pièce de monnaie. Cette dernière est transmise du futur marié vers la fille désignée qui se lève et va dans un coin de la maison, retrouver sa mère (accompagnée de sa future belle famille).

Elle pose ses deux pieds au sol et précise à sa mère que cette pièce est un gage de l’amour que l’homme a pour elle. Et, une fois la maman touche à la pièce d’argent en retour, les enfants sont liés. La maman dit “oui” et bénit les mariés.

Une fois que la maman a accepté le présent de nuit (la pièce), la famille de l’homme remet des cadeaux composés de pagnes, foulards, quelques boissons et une enveloppe. Cette enveloppe est déduite du numéraire de toute la cérémonie.

En effet, si la dot est évaluée à deux millions cinq cents milles à cette cérémonie de nuit, le marié pourra remettre un million et à la grande cérémonie du jour, il remettra le reliquat.

Toutefois, tant que la future belle-mère n’a pas touché à la pièce de monnaie, tant qu’elle n’a pas donné son accord, la famille du futur marié continuera à négocier jusqu’à obtenir le “oui”de cette dernière.

Le “oui” dans le monde physique équivaut au “oui” dans le monde spirituel qui serait le synonyme de l’acceptation de la rupture du cordon ombilical entre la mère et sa fille. Cette bénédiction signifie non seulement que la mère accepte l’union mais qu’elle accompagne également sa fille par les conseils dans sa belle famille.

Pour finir, dans les sociétés matrilinéaires, on considère que l’enfant appartient à la mère. De ce fait, en cas de décès de cette dernière, la cérémonie se passe chez l’une de ses sœurs ou chez l’oncle maternel.

Sources : le coin de savoir /Theses.hal.science